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Les Pandas géants mangent des « biscuits de bambous »
Prenant en compte les déficiences et déséquilibres nutritionnels
des pandas
géants, les chercheurs de la Base de recherche de Chengdu sur la
reproduction des pandas géants ont récemment développé
le premier biscuit à
haute-fibre nutritionnelle jamais produit en Chine pour ces animaux géants.
Des informations concernant le biscuit ont été récemment
dévoilées lors de
la réunion annuelle du Comité des technologies de reproduction
du Panda
géant de Chine. Sa création a nécessité deux années
d'expérimentation, de
conception, d'amélioration technique, d'analyse et de tests continus.
Les pandas géants chinois, élevés au rang de trésors
nationaux, auront
maintenant des biscuits en hautes-fibres nutritionnelles en tant qu'élément
faisant partie de leur régime alimentaire de base.
Les biscuits sont des barres en forme de colonnes creuses de couleur
jaunes-laiteux, chacune longue de 15 centimètres et conçues de
manière à
ressembler à du bambou. Chaleureusement appelé par les chercheurs
comme
étant le « biscuit de bambou », ce « biscuit type »
est un composé produit
scientifiquement offrant une nutrition équilibrée. Le biscuit
ne subvient
pas seulement aux besoins énergétiques du Panda géant,
mais contient aussi
des micro-éléments en abondance et des vitamines avec 30% de fibres.
Outre
le fait d'être hygiénique, ils peuvent être utilisés
pour nourrir ces
animaux géants n'importe où et n'importe quand.
Quelques 30 pandas géants, incluant Ya Ya, Bing Bing et Jiao Zi, habitants
de l'Institut de recherche sur la reproduction des Pandas géants de Chengdu,
ont déjà commencé à adorer ce biscuit. Plusieurs
bébés Pandas géants, âgés
d'une année déjà, ont démontré un goût
et une affection toute spéciale pour
ce « biscuit de bambou ».
Une ligne de production pour les biscuits a été mise en place
à la Base de
recherche de Chengdu sur la reproduction des Pandas géants. Elle est
en
mesure de produire des fournées de « biscuit de bambou »
en huit formes et
tailles différentes.
2_Bambous à l'encre (suite)
En Chine, les plantes étaient réparties par usages et fonctions,
et non à partir de leurs seuls caractères botaniques. Qui plus
est, les caractéristiques des mots l'emportaient parfois sur celles des
choses et devenaient critères déterminants de classification (6).
Alors les noms rendraient compte implicitement des réalités végétales?
Le caractère (la syllabe écrite) serait un caractère de
la plante. Son origine pictographique continuerait à vivre dans le mot.
Écrire serait restituer une morphogénèse? Cela est illustré,
sinon démontré par le genre, la discipline à part entière
qu'est en Chine, depuis le VIIIe siècle, la peinture calligraphique monochrome
du bambou.
La Méthode de peinture du Jardin du grain de moutarde (1679), la référence
la plus célèbre et "définitive", un manuel d'apprentissage
des grands domaines de la peinture classique chinoise, paysages, plantes, objets,
personnages, est à la fois un fonds anthologique méthodique, un
dictionnaire du vocabulaire graphique et des processus algorithmiques de figuration.
Cette notion de jardin miniature, grand comme un grain de moutarde car "dans
un seul grain est caché le monde" et "l'univers tout entier
ne remplit qu'un grain de moutarde (7)", procure elle-même un répertoire
de formes et modèles, d'inscription et de simulation des processus naturels,
qui s'étend sans rupture à l'exercice de la peinture.
Ce manuel décrit des procédures qui combinent les impératifs
de respect de la structure, des proportions botaniques du bambou (tiges, noeuds,
branches, feuilles), de son comportement dans un climat (vent, beau temps, pluie,
rosée), avec ceux du maniement du pinceau et de l'encre. Techniques,
attitudes esthétiques et morales y sont mêlées sur fond
de symbolique. Le bambou, par sa tige souple mais énergique et résistante,
son bois dur mais doux, la mobilité légère mais ordonnée
de son feuillage, exalte sagesse, force de caractère, austérité
élégante. Ses noeuds (le mot signifie aussi en chinois "intégrité
personnelle"), parce qu'ils sont à la fois la clé de sa structure
et un vide, confirme le symbole de largeur d'esprit attaché au souffle
et au vide. Valeurs requises chez le lettré, elles s'exerceront justement
dans l'unicité de ses outils. Pinceau et encre unissent poésie
et peinture, calligraphie et dessin. Le bambou est la plus calligraphique des
plantes. Le bambou s'écrit.
(6) Georges Métailié, "Des mots et des plantes dans le Bencao
gangmu de Li Shizhen", Extrême-Orient-Extrême-Occident, 1988,
numéro 10, Presses Universitaires de Vincennes.
(7) Rolf A. Stein, Le Monde en petit, Flammarion, 1987.
-Louis Br bous, pour que poussent les images
La Méthode de peinture du Jardin du grain de moutarde, comme plus tardivement
la Méthode simple et claire pour une écriture des bambous de Jiang
Heji (dynastie Qing) proposent une identification systématique des traits
et gestes pour l' exécution des feuilles qui repose essentiellement sur
leur similitude avec des caractères. Éléments fondamentaux
de l'implantation du feuillage réel, les couples, groupes de trois ou
quatre feuilles s'écrivent ren (humain), ge (spécificatif pour
l'unité), jie (entre) ou fen (diviser). L'étymologie pictographique
de ces mots, proprement visible, y compris dans la plante, se trouve en quelque
sorte confirmée par leur retour à la figuration. Plus encore,
le caractère ge serait formé sur l'image d'un noeud de bambou
et le caractère pour "bambou" lui-même, zhu, associe
deux fois ce signe, comme deux rameaux pendants, et se comporte en radical pour
de nombreux noms d'objets faits de bambou (8). Le ge assemble effectivement
trois feuilles, le jie partage effectivement quatre feuilles, etc. Ainsi réifiés
dans le bambou, des signes d'association (ge), ou de séparation (jie,
fen), seraient à la base d'une simulation de l'architecture de la plante,
et donc inclus dans chacune de ses images possibles. Dès lors une écriture
s'installe, qui ne coïncide pas avec la langue. La codification des traits
fait appel à un langage qui reste imagé mais qui, bien sûr,
prend sa spécificité de "parler-bambou": "amonceler
les cibles", "se disperser et bondir", "fourche des chemins",
" griffe de passereau", "ailes de libellule", " corbeaux
effrayés" (9), où l'on notera le caractère procédural,
dynamique, biologique des référents.
Henri Michaux: "Il y eut pourtant une époque, où les signes
étaient encore parlants, ou presque, allusifs déjà, montrant
plutôt que choses, corps ou matières, montrant des groupes, des
ensembles, exposant des situations.[...] Les paysans il est vrai les regardaient
sans les comprendre, mais non sans ressentir que c'était bien de chez
eux, ces lestes signes [...] des paysages de branches fleuries et de feuilles
de bambous qu'ils avaient vus en images et appréciaient (10)".
(8) Léon Wieger S.J., Caractères chinois, étymologie,
graphies, lexiques, 1932, réédition par Kuangchi Press, Taiwan,
1978.
(9) Traductions empruntées à l'édition française
par Raphaël Petrucci du Jieziyuan huazhuan, [Méthode de peinture
du Jardin du grain de moutarde], Encyclopédie de la peinture chinoise,
Henri Laurens, Paris, 1918.
(10) Henri Michaux, Idéogrammes en Chine, Fata Morgana, 1975.
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Dans cette approche, le bambou, c'est du texte. Certains peintres calligraphes
ont poussé le jeu jusqu'à des paysages de bambous qui sont de
vastes calligraphies-bambous totalement et littéralement lisibles. La
tradition explique l'invention du bambou à l'encre par la contemplation
et le décalque de l'ombre de bambous éclairés par la lune.
Ainsi se forme le champ dialectique qui englobe et la saisie et la codification
synthétique. Aux impératifs de l'écriture calligraphique,
structure, "poids", nombre et enchaînement des traits, correspondent
les contraintes de la vérité botanique du bambou. Trait après
trait, l'écriture-dessin est une méthode récursive. La
nature non plus n'a pas de repentir possible. La peinture calligraphique chinoise
tend à apparaître comme outil interactif de modélisation,
pour autant cependant qu'elle sache appréhender et traduire quelque loi
naturelle.
Ni Zan, peintre et poète (1301-1374) posa très tôt le problème
de l'alternative de la représentation picturale entre vérité
formelle et expression de la nature intrinsèque du modèle.
L'intuition de la nature s'exprime par le li, la loi, la raison, l'ordonnancement
sous-jacent, mais d'abord, au sens propre, le dessin, la veine (celle du marbre
par exemple), la ligne de force interne qui relie et structure les choses, ce
qu'il faut connaître pour tailler une roche, pour la peindre en "rides"».
Le caractère li signifie aussi bien texture que logique. Ainsi le peintre
et esthéticien Su Dongpo (ou Su Shi, 1036-1101) considère qu'il
est des choses "telles que montagnes et rochers, arbres et bambous, cours
d'eau et vagues, brumes et nuages, qui n'ont pas de forme constante, mais sont
douées d'un li (11)". Leur représentation peut alors masquer
un défaut extérieur mais elle s'effondre sans adéquation
avec ce principe interne. Il note qu'un bambou à l'état de pousse
"possède déjà tout ce qui caractérise un bambou,
joints et feuilles", et qu'en grandissant "il ne fait que développer
ce qu'il a de virtuel en lui". Il met donc en garde le peintre qui procéderait
par addition, joint après joint, feuille après feuille, ignorant
la "loi vitale du bambou".
(11) Traduction de François Cheng "L'œil de sapience",
La part de l'œil, numéro 3, 1987, Presses de l'Académie Royale
des Beaux-Arts de Bruxelles.
Illustration: Jean-Louis Boissier, "Globus oculi", installation hypermédias,
calligraphie et voix: Ye Xin,1992.
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